Sécheresse en France : l'Académie des technologies réclame une stratégie pour anticiper le manque d'eau

Pour faire face aux pénuries d'eau, l'Académie demande aux pouvoirs publics une stratégie nationale à 5, 15 et 30 ans, adaptée aux spécificités de chaque région.

L'Académie des technologies a appelé, ce lundi, les pouvoirs publics à "développer d'urgence" une stratégie sur 30 ans pour anticiper le manque d'eau. Une problématique bien connue dans la région. En juin, dans le Sud de la France, deux tiers des nappes phréatiques étaient au plus abs pour la saison, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

 

Des besoins différents selon les régions

Une stratégie nationale à 5, 15 et 30 ans permettrait aux élus locaux de définir leur action et notamment leurs choix technologiques, dans une France dont les besoins diffèreront d'une région à l'autre, souligne un rapport sur "l'apport des technologies aux besoins en eau douce".

Face aux pénuries annoncées, "il convient d'abord de maîtriser la demande par des pratiques de sobriété collective à construire", sachant que ces politiques auront au moins en partie des composantes technologiques. Or ces infrastructures nouvelles ne doivent pas susciter "des développements inconsidérés pouvant conduire à des risques pour la santé ou l'environnement, et elles ne peuvent à elles seules régler la situation", met en garde l'instance indépendante, créée en 2000.

Parmi ces solutions figurent le dessalement d'eau de mer, la recharge des nappes, l'augmentation des volumes retenus (barrages, "bassines"...), la réutilisation des eaux usées (Réut), la récupération des eaux pluviales. L'Académie recommande de hiérarchiser les besoins au niveau local, et pour chaque technologie de prendre en compte au préalable impacts et ressources mobilisées. "Il n'y a pas de bonne ou de mauvais technologie, chacune a un domaine d'emploi, avec des impacts différents", résume le rapport. Par exemple, "les rejets de saumure ne disqualifient pas le dessalement car il existe des solutions permettant leur dissolution", cite l'Académie, à propos de cette technologie non présente en France métropolitaine, mais utilisée à Bora Bora.

Quoi qu'il en soit, toutes ces solutions "doivent disposer de garanties de fiabilité/sécurité/efficacité validées au niveau national", insistent les experts. Elles exigent aussi une adhésion collective, ajoutent-ils. Ce qui "implique une forte transparence auprès des populations", sur les données factuelles de la pénurie, les technologies proposées et les éventuels effets indésirables.

Sur le fond, l'Académie appelle aussi à anticiper les conséquences des baisses des réserves d'eau nivales et glaciaires, en réduisant la demande et en prévoyant de nouvelles possibilités de stockage (souterraines ou en altitude). Alors que moins de ressource hydrique implique un risque de pollution accru, elle appelle à faire évoluer "d'urgence" les pratiques agricoles et paysagères, avec notamment des épandages de pesticides réduits surtout en période d'étiage.

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur marquée par la sécheresse en 2022

Interdiction pour les agriculteurs d'irriguer leurs cultures ou pour les particuliers d'arroser leurs espaces verts, de laver leurs voitures dans les stations ou de remplir leurs piscines : c'est ce qu'ont connu les habitants de la région l'été dernier pour faire face à la sécheresse.

En mai 2023, un arrêté, paru au Journal officiel a listé les communes reconnues en état de catastrophe naturelle pour des dommages causés par les mouvements de terrain consécutifs à cette sécheresse. Parmi elles, Aubagne, Martigues, mais aussi Avignon ou encore Cavaillon.

59 départements français ont été concernés par cet arrêté et tous les départements de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur figuraient dans la liste.