L’irrigation et la fertirrigation du Cannabis Médical en hors-sol

Un récent décret n°2022-194 du 17 février 2022, publié au Journal Officiel du 18 février 2022, autorise, à compter du 1er mars 2022, la culture et la production de cannabis à usage médical en France, jusqu’à présent interdite malgré la mise en place de l’expérimentation relative au cannabis à usage thérapeutique depuis près de deux ans.

Début 2019, une trentaine de pays dans le monde, dont de nombreux États américains et le Canada, autorisent le cannabis thérapeutique, ainsi que 21 de l’Union euro­péenne, la Suisse, la Norvège, Israël et la Turquie.

Des études montrent que le marché du cannabis médical est « en croissance annuelle de 30 % au niveau mondial et de 60 % au niveau européen ». Selon une étude du cabinet Grand View Research en 2017, le marché mondial du cannabis à usage médical pourrait s’élever à 55,8 milliards de dollars en 2025, soit cinq fois plus qu’en 2015.

 

Le cannabis médical est une culture difficile

C’est une culture relativement nouvelle qui fait l'objet de réglementations commerciales et juridiques spécifiques. Jusqu'à récemment, le cannabis était cultivé de manière illicite, il n'existe donc aucune norme concernant les méthodes de culture optimales.

Le cannabis est une culture qui met en valeur la qualité. Par exemple, le niveau de cannabinoïdes (CBD), ainsi que l'odeur, la couleur et la forme des fleurs déterminent la rentabilité.

C’est une production qui est soumise à une très forte traçabilité et un objectif de standardisation de la production tout au long de l’année pour garantir la qualité finale du produit.

Cette culture nécessite des systèmes d'irrigation de précision qui fournissent des quantités précises d'eau et de nutriments aux racines de chaque plante.

Cela se traduit par des économies d'eau, d'engrais et de main-d'œuvre, tout en produi­sant des rendements de meilleure qualité.

Dans cet article, nous fournis­sons des recommandations d'irrigation et de fertirrigation visant à aider à maximiser le potentiel d’un investissement dans la production de cannabis médical.

Les protocoles fournis sont basés sur notre vaste expérience agronomique mondiale.

Les directives suivantes concernent la culture du cannabis dans des abris hors-sol.

Comme pour toutes les cultures, nous vous recommandons d'ajuster ces directives en fonction de vos conditions locales spécifiques liées au type de substrat et à sa capacité de rétention d'eau, au climat, à la variété cultivée et aux objectifs de rendement.

 

Les recommandations du pilotage de l’irrigation

L’eau est un paramètre primordial dans la culture du cannabis médicinal. Les besoins sont importants mais les excès sont rédhibitoires

Le volume du substrat, les caractéristiques chimiques et physiques et la dimension et la forme du récipient ont un effet majeur sur la quantité et la fréquence d'irrigation. Ceci doit être pris en considération lors de la planification de l'irrigation.

Les plantes de cannabis subissent 5 étapes pour compléter leur cycle de croissance : pied-mères, enracinement des boutures, renforcement du plant, croissance végétative et floraison. À chaque étape, la plante nécessite un protocole de fertirrigation spécifique et chaque étape doit être maîtrisée pour obtenir des résultats optimaux.

La nouvelle bouture développera des racines en raison de la forte humidité de l'air, lui permettant de devenir un semis.

Il existe 2 alternatives pour l'enracinement : la salle d'enracinement et le propagateur.

Il y a une courte acclimatation pour les nouveaux clones avant leur passage en salle végétative.

La fertigation via des asperseurs tête en bas munis de la technologie basée sur la vibration d’une aiguille placée au centre du passage d’eau calibré par une buse donnera le bon équilibre nutritif pour la nouvelle bouture. Le jet obtenu est fractionné en micro-gouttelettes uniformes et parfaitement réparties. 

Au stade végétatif, la plante construit la forme et la force qui lui serviront plus tard au stade génératif.

Les plantes au stade végétatif peuvent pousser à haute densité (les plantes sont relativement petites et il n'y a pas de compétition pour la lumière).

Au stade de la floraison, les fleurs deviennent la principale source d'absorption des nutriments, et toute l'attention de la plante est d'aider les fleurs à atteindre leur plein potentiel.

Suivre attentivement ce processus garantit des plantes saines et une productivité maximale.

En conteneur, comme le volume est limité, une irrigation fréquente est bénéfique. Cependant, la durée d'irrigation doit être modérée (> 5 min).

Si vous travaillez avec une solution en conteneur, la durée de l'impulsion d'irrigation peut être plus courte.

De récentes études ont comparé l'effet de la longueur des intervalles d'irrigation, longs et courts, sur la biomasse végétale et les niveaux de cannabinoïdes.

Des boutures de la variété Freud (à teneur élevée en THC) ont été cultivées sous deux régimes d’irrigations différents et la biomasse végétale, le poids des fleurs sèches et les niveaux de cannabinoïdes ont été mesurés. L'irrigation dans les deux groupes était déclenchée par un niveau d'humidité prédéfini de 28 % (vol) pour les intervalles courts et de 15 % (vol) pour les intervalles longs.

Les résultats ont montré une biomasse végétale, un poids de fleurs sèches et des niveaux de THC sensiblement plus élevés pour le traitement à intervalle court, bien que le CBD soit un peu plus bas. La consommation d'eau était supérieure de 10 % pour le traitement d'irrigation court, conformément à une croissance plus rapide et une biomasse plus élevée.

Un drainage adéquat est crucial pour éviter la salinisation du substrat, il doit être d’environ 30 %.

Gardez toujours le niveau de l’Ec en sortie supérieur à l’Ec en entrée d'environ 0,5 mS/cm.

Dans les 3 derniers jours avant la récolte, il est recommandé d'effectuer une procédure de rinçage (irrigation sans engrais), tout en maintenant un pH stable lors de l'irrigation.

Pour la culture en conteneur du cannabis médical, il est obligatoire de travailler avec des goutteurs auto­régulants, de 2 l/h jusqu’à 8 l/h, et idéalement avec des goutteurs munis de l’option anti-drainant (CNL).

Il faut un goutteur par pot mais la répartition du débit émis par le goutteur doit se fait de préférence via un répartiteur de débit posé à la surface du substrat.

L’utilisation d’arc de cercle posé à la surface du conteneur, muni de 4 à 8 goutteurs selon le diamètre du pot, permet une excellente répartition du débit du goutteur et offre une simplicité d’installation et d’utilisation.

La jonction entre le goutteur et l’arc de cercle de répartition de débit se fait via un micro-tube de 3 x 5 mm.

Avec ce dispositif, l’humidification par contact et la répartition uniforme de l'eau se fait dans tout le volume du conteneur, d’où une optimisation du substrat par le système racinaire de la plante.

 

Les recommandations de FERTIRRIGATION

Dans un substrat hors-sol, on travaille en concentration (ppm) et non en quantité.

Il est fortement recommandé d'appliquer de l'engrais à chaque arrosage.

Il faut déterminer les nutriments requis pour la croissance des plantes en fonction des différents stades de croissance. Il existe des tableaux indicatifs de concentration en éléments à respecter en fonction des différents stades de la culture.

Les seuils d’Ec varient de 1,2 - 1,6 mS/cm au stade pied mère, renforcement et croissance végétative jusqu’à 1,6 - 2,1 mS/cm au stade de floraison.

Au stade de l'enracinement, ne fertilisez pas, mais maintenez une humidité de 90 à 95 % autour de la bouture.

Vérifiez et ajustez en permanence le niveau de pH autour de 5,8 - 6,2. Les microéléments (y compris la silice – SiO2) sont absents des milieux hors-sols et doivent donc être ajoutés. La réalisation d'analyses chimiques continue de l'eau de drainage et d'irrigation est cruciale.

Évitez les problèmes de salinité. En cas de salinité, laver le substrat avec de l'eau à pH stable jusqu'à ce que vous atteigniez le niveau d’EC requis dans le drainage.

Pour une fertirrigation efficiente, nous recom­man­dons de travailler avec des stations d’injection multi­canaux qui fonctionnent avec le principe de venturi.

Ces stations d’injection permettent d’améliorer à la fois le rendement et la qualité des cultures en assurant un contrôle précis de l’EC et du pH.

Les stations n’utilisant qu’une seule pompe pour mélanger et injecter les nutriments, per­mettent de minimiser la consommation d'énergie tout en économisant la main-d'œuvre, l'eau et les engrais.

Les stations munies de vannes d’injection analogiques permettent d’atteindre rapidement le point de consigne EC/pH et donc les temps de stabilisation et les cycles de fertirrigation sont courts.

En plus de la gestion de l’irrigation et de la fertirrigation le succès d’un projet de culture de cannabis médical hors sol doit prendre en compte l’éclairage et la gestion des écrans.

 

La lumière joue 2 rôles dans la culture du cannabis

En termes de lumière photopériodique – pour prolonger la lumière du jour pour la plante.

Le stade végétatif comprend 18 heures de lumière et 6 heures d'obscurité.

Le stade de floraison comprend 12 heures de lumière et 12 heures d'obscurité.

Et en termes de lumière photosynthétique, pour maintenir le meilleur spectre lumineux pour les besoins des plantes.

Les écrans sont un facteur clé pour contrôler le climat à l'intérieur de la serre et orienter les plants de cannabis dans la direction souhaitée.

 

Dans tous les projets d’irrigation de cannabis médical en hors sol, il est important d’être accompagné par des partenaires compétents qui dimensionnent le projet de la manière la plus optimale lors de sa conception.