Vin, céréales, fruits et légumes : le gel n’a épargné personne en France

Selon le ministre de l’Agriculture français, Julien Denormandie, la situation est «inédite, exceptionnelle» par l’ampleur des exploitations touchées partout en France .Le gel qui a recouvert une large partie de la France la première semaine d 'avril s’annonce comme l’un des pires depuis des décennies, de nombreuses cultures dont des vignes, des arbres fruitiers ou encore des céréales ayant été frappées, du nord au sud du pays. Les pertes ne sont pas encore chiffrées – les professionnels s’accordent à dire qu’il faudra attendre plusieurs jours voir plusieurs semaines – mais les premières constatations dessinent un phénomène d’ampleur.

Le gel a frappé des cultures – vignes et arbres fruitiers – dont la floraison était bien entamée, à la faveur des températures douces qui avaient précédé.

Les professionnels du vin sont particulièrement catastrophés. «Ce sera la plus petite récolte des côtes-du-rhône de ces 40 dernières années» : Philippe Pellaton, président d’Inter-Rhône, évalue à «environ 80 à 90%» les pertes subies sur les appellations de la vallée du Rhône (près de 68 000 hectares). Dans le Bordelais, Dominique Guignard écrase des feuilles gelées de vigne dans ses mains. «Ça casse comme du verre parce qu’il n’y a plus d’eau, ça s’est desséché complètement, il n’y a plus de vie», explique le président du syndicat viticole des Graves.

Cet épisode est «l’un des plus sérieux des dernières décennies» et cela va amputer la production de l’année, a estimé le CNIV (Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine et à indication géographique). «On sait déjà qu’on va avoir une très faible récolte en 2021», a déclaré à l’AFP son président Jean-Marie Barillère.

«C’est un phénomène national. On peut essayer de remonter dans l’histoire, il y a eu des épisodes en 1991, 1997, 2003 mais là, d’après moi, on dépasse tous les indicateurs qui laissent entendre que c’est beaucoup plus sérieux que les gels antérieurs», relève Jérôme Despey secrétaire général de la FNSEA et lui-même viticulteur dans l’Hérault.

 

Les récoltes d’abricots totalement perdues

«Ce que l’on sait de manière certaine, c’est que l’épisode a été dramatique. La situation est inédite, exceptionnelle, elle concerne à la fois la viticulture, à la fois l’arboriculture, à la fois les grandes cultures», a déclaré le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie vendredi matin sur BFM TV, quelques heures avant de se rendre en Indre-et-Loire, pour apporter son soutien à la filière viticole, puis d’aller samedi chez des arboriculteurs de la vallée du Rhône.

Le ministre a annoncé qu’il allait «lancer la mise en œuvre» du régime des calamités agricoles, notamment abondé par l’Etat, pour venir en aide à l’arboriculture. Il a par ailleurs rappelé que ce dispositif n’était pas appelé à intervenir dans les cas où une assurance peut être souscrite, comme pour les grandes cultures ou les vignobles. «Malheureusement trop peu d’hectares de vignes sont protégés. Sur 800 000 hectares en France seuls 200 000 sont assurés», dit Jérôme Despey, de la FNSEA.

 

Inquiétude dans les plaines

«La récolte est perdue pour cette année complètement, estime Daniel Betton, arboriculteur dans la Drôme, après avoir inspecté ses abricotiers. Tous les fruits ils ne paraissent pas, mais dès qu’on les ouvre, on voit que c’est nécrosé, les cellules ont éclaté, le fruit ne va pas grossir il va tomber.»

Dans les plaines, «on est très, très inquiet de l’impact du gel sur les céréales, sans pouvoir en tirer un bilan très fiable à l’heure qu’il est», abonde Eric Thirouin, président du syndicat des producteurs de blé AGPB.

Pour Jérôme Despey, il est urgent que des mesures de prise en charge des cotisations sociales soient mises en œuvre par la Mutualité sociale agricole et que «nous puissions bénéficier de l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti». «Il faut aussi que l’Etat s’engage à une réflexion sur le régime des calamités agricoles et de la gestion des risques et notamment de l’assurance pour permettre de mieux affronter ces risques, qui sont de plus en plus violents suite au changement climatique», a-t-il dit.