Risques de sécheresse : Le gouvernement français lance le Varenne de l’Eau

Malgré un mois de mai très pluvieux, les nappes phréatiques ne se sont pas remplies, et les agriculteurs craignent pour leurs cultures cet été.

Le mois de mai a été particulièrement pluvieux en France, mais ces heures maussades devraient maintenant être loin dernière nous, car les trois prochains mois seront « plus chaud et plus sec que la normale », selon Météo France.

Un été caniculaire ne sera pas une première pour la France qui a déjà connu ces dernières années des épisodes successifs et de plus en plus longs de fortes chaleurs.

Si il y a 10 ans, seules les régions du Sud avoisinaient des températures avoisinant les 40°, aujourd’hui, les régions de France qui en sont épargnées sont rares. D’après la carte présentée par le ministère de la Transition écologique, avec l’aide de Météo France, prévoyant des risques de sécheresse pour cet été, la totalité du territoire, excepté le Nord, présente des risques « très probables » de souffrir d’épisodes de sécheresse.

 

Nappes phréatiques asséchées

Si le mois de mai durant lequel  plusieurs villes ont franchi des records de précipitation, cela n’aura pas suffi à hydrater les sols qui avaient manqué d’eau en mars et avril. Malgré sa quantité, l’eau ne s’est pas infiltrée, mais est restée en surface, la rendant ainsi particulièrement molle et collante. Ce qui n’a pas facilité la tâche des maraîchers, qui craignent des récoltes plus maigres cette année.

Des craintes que le gouvernement prend très au sérieux, après l’épisode de gel qui a condamné plus de la moitié des vignobles et du maraîchage français. Souhaitant saisir cette question de la gestion de l’eau et des cultures, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, et Bérangère Abba, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la Biodiversité, ont inauguré vendredi 28 mai, le « Varenne de l’Eau » qui a pour mission d’ici janvier 2022 de présenter des pistes pour faciliter « le captage et l’utilisation des eaux de pluie pour les agriculteurs afin de faire face aux épisodes de sécheresse ». En plus de la sécheresse, on craint une augmentation des contrastes saisonniers, avec d’importants épisodes de pluie en hiver, et un air sec et chaud en été. Des variations météorologiques qui poussent les cultures à changer elles aussi de rythme de vie.

 

Le Varenne de l’eau

« Se prémunir contre les aléas du changement climatique, et prévoir les modalités d’accès à l’eau pour préserver l’agriculture » telle est l’ambition du Varenne de l’Eau lancé le 28 mai par Julien Denormandie et Bérangère Abba. Les attentes sont grandes sur le terrain et les acteurs attendent du concret sur le long terme.

L’objectif du Varenne de l’eau est la suivante : Faire émerger ensemble des solutions concrètes pour adapter l’agriculture aux défis climatiques.

Pour Bérangère Abba, « volontarisme » et «absence de tabou » doivent prévaloir. Ce travail entend se fonder « sur la science » et « capitaliser sur les travaux existants pour mettre en place de nouveaux dispositifs ». Il s’inscrit ainsi dans la continuité des Assises de l’eau qui se sont tenues en 2018 et 2019.

Si l’ambition est grande, le calendrier est serré. Les travaux doivent en effet aboutir, dès janvier 2022, à une « feuille de route opérationnelle » pour les trois thématiques ciblées dans ce Varenne. Chacune sera portée par des personnalités mandatées par les ministres, qui auront pour mission de constituer des groupes de travail avec les parties prenantes volontaires (agriculteurs, élus, ONG…..).

La première thématique concerne la gestion des risques, pour laquelle le gouvernement veut aller vite, puisque les premiers arbitrages devraient intervenir durant l’été.

Le deuxième chantier vise à renforcer « la résilience de l’agriculture dans une approche globale ». Les leviers d’action concernant notamment les sols, les variétés, les pratiques culturales et d’élevage, les infrastructures agro-écologiques et l’efficience de l’eau d’irrigation. Des diagnostics vont être réalisés par des filières via l’Inrae, et les institutions techniques, mais aussi à l’échelon régional par les chambres d’agriculture pour visualiser les effets du changement climatique au niveau du territoire.

La dernière thématique, et non la moindre, concerne les ressources en  eau. Un sujet très sensible qui oppose agriculteurs et organisations environnementales.