Il est des questions qui sont presque existentielles : mer ou montagne, thé ou café, diesel ou électrique. En arrosage également, lors d’une réflexion dans le cadre d’une rénovation du système d’arrosage, risque de se poser LA question : pour mon système 2-Fils, Impulsion DC ou 24 volts AC ?
Un peu d’histoire
Les premiers décodeurs 24 vac sont apparus dans les années 80 mais c’est surtout dans les années 90, quand Rain Bird a introduit une nouveauté venue du froid (le fabricant est danois, ndlr), le décodeur FD (Field Decoder), que ce système a connu un très grand essor et a envoyé aux oubliettes tous les systèmes qui s’installaient à cette époque sur les golfs, à savoir, les systèmes électromécaniques. Ce décodeur avait de nombreux avantages : simple câble de communication 2 conducteurs, facilité et rapidité d’installation, fiabilité. Il a connu un tel succès que de très nombreux golfs européens, encore aujourd’hui, en sont équipés.
Dans les années 2000, une nouvelle technologie est apparue, basée sur un système à impulsions 9 volts DC. Toro a d’abord introduit le décodeur GDC, suivi par Rain Bird, dans les années 2010, par le système IC. En 2020, Toro a introduit le successeur du GDC, à savoir le LSM. Leur particularité est d’être un système fonctionnant avec des solénoïdes à impulsions 9 volts avec une polarité (DC) à respecter. Une impulsion est envoyée au solénoïde pour l’activer et une autre pour le désactiver. L’intérêt de tels systèmes réside dans des longueurs de câble signal plus importantes et une consommation électrique moindre car il n’y a aucune tension de maintien entre 2 impulsions. Après des débuts très laborieux, pour les 2 marques, ce système donne entière satisfaction à l’heure actuelle.
Principe de fonctionnement du décodeur/module à impulsions DC
Le système fonctionne avec un solénoïde à impulsion 9-12 volts DC. Au repos, le plongeur, ou noyau, dans le solénoïde, est en position basse, bloquant l’échappement de la vanne de fond et assurant la fermeture de l’arroseur. Lorsque le décodeur reconnait son code, unique pour tout le système, une impulsion, via un condensateur, est envoyée au solénoïde. Cela crée un champ magnétique qui soulève le plongeur, libérant l’échappement et ouvrant l’arroseur. Celui-ci est maintenu alors en position haute par un aimant. En inversant la polarité du champ magnétique, le noyau retombe. Entre les 2 impulsions, il n’y a aucune tension dans les fils. Les fils de ces solénoïdes sont toujours de couleur différente afin de respecter la polarité.
Comme déjà mentionné plus haut, l’intérêt de l’impulsion réside dans des longueurs de câble signal plus longues (jusqu’à 4 500 mètres) et une consommation électrique moindre (0,3 mA (ICM) et 0,2 mA (LSM) contre 0,5 à 1 mA pour le décodeur 24 volts).
Principe de fonctionnement du décodeur pour solénoïde 24 vac
Ce système fonctionne sur le principe d’un courant d’appel pour soulever le plongeur et d’un courant de maintien pour tenir le plongeur en position haute. Lorsque le central envoie le code d’un décodeur à activer, un condensateur se décharge pour envoyer un courant d’appel jusqu’au solénoïde. Un champ magnétique est créé, « aspirant » le plongeur ou noyau vers le haut, libérant l’échappement d’eau et permettant l’ouverture de la vanne. Pour que la vanne reste ouverte, il faut toujours une tension (courant de maintien) entre le décodeur et le solénoïde durant toute la durée d’arrosage afin de maintenir le noyau en position haute. Ce système n’a pas de polarité et les fils des solénoïdes sont de la même couleur. En cas de problème quelconque, le courant de maintien est coupé et le plongeur retombe, aidé par un petit ressort, pour fermer l’arroseur ou la vanne.
Ce principe existe depuis de très nombreuses années, preuve de son efficacité et fiabilité.
Système 2-Fils et Recherche de Panne
Pour les professionnels de l’arrosage, intervenir sur un système 2-fils n’est, en soi, pas très compliqué mais demande patience, rigueur et temps. Un décodeur en défaut ou une protection anti-surtension fuyarde peut entraîner la mise en sécurité du système et empêcher tout arrosage. Il faut dans ce cas effectuer une recherche de panne terrain avec des outils adaptés (multimètre RMS, pince ampèremétrique). Et comme beaucoup de sites n’ont pas, ou de manière très succincte, de plan de câblage électrique, il faut procéder par tâtonnement pour trouver le décodeur en défaut et cela peut prendre beaucoup de temps.
Tous les logiciels de programmation possèdent une fonction qui permet de faire un pré-diagnostic, à commencer par la communication avec les décodeurs. Plus le diagnostic est complet et précis, plus « simple » est la recherche de panne.
Situation actuelle et Nouveautés
Aujourd’hui, la majorité des rénovations est réalisée avec des systèmes à impulsion car, outre les avantages cités plus haut, ils proposent des outils de diagnostics plus élaborés afin de faciliter la recherche de panne sur le terrain.
On pourrait donc croire que le décodeur 24 volts, après des années fastes, a vécu.
Mais c’est sans compter sur de nouveaux produits qui viennent d’être commercialisés et qui risquent de rebattre les cartes.
En effet, Toro vient de lancer un nouveau décodeur 24 vac qui a de nombreux atouts : Toro LAC.
Avec les décodeurs 24 vac de 1ère génération, le seul diagnostic disponible est le test de communication permettant de savoir si le décodeur reconnait son adresse sur la ligne.
Le problème est que ce test active également brièvement le solénoïde, déclenchant l’arroseur, ce qui peut être gênant lorsqu’il y a des joueurs sur le terrain.
Le nouveau décodeur 24 vac Toro LAC permet plusieurs tests séparés : communication (sans activation du solénoïde), voltage à l’entrée du décodeur, test solénoïde, mesure résistance bobine, fuite à la terre au niveau des connexions électriques. Tous ces tests permettent d’affiner la zone de recherche en cas de problème terrain.
Conclusion
Donc, impulsion DC ou 24 vac ? Il est difficile de répondre de façon affirmative pour l’une ou l’autre des solutions techniques, chacune ayant ses adeptes et ses détracteurs. Il sera important de bien cerner son projet, rénovation partielle ou complète, nombre de phases, compatibilité des différents systèmes, retour d’expérience, … avant de sélectionner une solution ou l’autre.
Un bureau d’étude, spécialisé en arrosage de grands espaces et golfs, pourra vous aider dans votre réflexion et vos choix en apportant son expérience terrain et il est conseillé de faire appel à ces consultants pour tout projet.
De même, l’installation de tels systèmes doit être confiée à des entreprises professionnelles ayant l’expérience nécessaire et les qualifications requises (QualiPaysage, Statut Spécialisé en Arrosage Automatique, anciennement A520-GC). En effet, quelque soit le système retenu, la qualité de l’installation est primordiale, à commencer par le soin apporté aux connexions électriques, source des principaux problèmes terrain.
