Landes : un millier d'agriculteurs ont manifesté pour l'accès à l'eau

Alors qu'un épisode de sécheresse hivernale frappe une grande partie du pays, les agriculteurs landais ont manifesté à Mont-de-Marsan pour le maintien de leurs quotas de prélèvements d'eau.

 

En plein épisode de sécheresse hivernale, un millier d'agriculteurs ont manifesté ce mardi à Mont-de-Marsan (Landes), à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, pour défendre leurs droits de prélèvements pour l'irrigation et la construction d'ouvrages de stockage d'eau. Après avoir été reçue par la préfète des Landes, une délégation a indiqué que des «mesures conservatoires» avaient été annoncées pour deux ans, en attendant qu'un accord pérenne sur la gestion de l'eau dans le bassin de l'Adour soit trouvé.

«L'idée est de maintenir les quotas pour 2023 et 2024», soit les 208 millions de mètres cubes disponibles sur le bassin, «tout en continuant à travailler à un accord pour consolider l'irrigation sur 15 ans», a expliqué Paul Carrère, vice-président du département des Landes et de l'entité gestionnaire Irrigadour.

Après un avis défavorable de l'Autorité environnementale à la demande d'Autorisation unique pluriannuelle (AUP) d'Irrigadour, il met en avant un nécessaire équilibre entre «demande environnementale» et agriculture. «Il y a un travail à faire sur les eaux usées ou sur d'autres économies d'eau qui permettraient de maintenir les quantités tout en évitant de pomper dans les nappes», a-t-il ajouté. Sollicitée, la préfecture n'a pas souhaité faire de commentaire.

«Une sécheresse météorologique préoccupante»

Avant de quitter les lieux dans l'après-midi, des agriculteurs ont déversé du lisier et des pneus sur plusieurs centaines de mètres, en laissant aussi derrière eux une grande bâche noire sur laquelle on pouvait lire : «L'eau, quand on y tient, on la retient». Avant la réunion, le président de la FDSEA Hautes-Pyrénées, Christian Fourcade, avait déploré que «la seule variable d'ajustement choisie» face au changement climatique, «c'est de baisser les quotas», et qu'il n'y ait pas eu dans son département «de construction d'ouvrage pour le stockage d'eau depuis 1830».

«On en a ras le bol, on tape sur les agriculteurs mais notre but, ce n'est pas d'assécher la planète», déclarait de son côté Marlène Duru, salariée agricole landaise de 27 ans, qui redoute de devoir renoncer à un projet de production de fruits rouges si l'accès à l'irrigation est restreint. En janvier, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) se disait «assez pessimiste» sur la disponibilité l'été prochain de l'eau souterraine, qui fournit deux tiers de l'eau potable et un tiers de l'irrigation agricole dans le pays.

«La France subit une sécheresse météorologique préoccupante», a par ailleurs averti mardi Météo-France, confirmant que le pays venait de vivre une «série de 31 jours consécutifs» sans véritable pluie, «du jamais vu durant un hiver météorologique». «Je ne suis pas inquiet, nous ne sommes qu'en février. S'il ne pleut pas d'ici fin mai, là ce sera plus inquiétant», relativisait parmi les manifestants Serge Dubroca, 60 ans, producteur de maïs dans les Landes.

Par Irrigazette avec AFP

 

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