Un agriculteur des landes a équipé un de ses pivots du VRI, une première en France

Par une belle journée du début du mois de septembre, je me suis rendue  dans l’exploitation agricole de  Ludovic Dupouy, jeune agriculteur qui cultive du maïs semence à Rion des Landes, près de Bordeaux, accompagnée de Philippe Bourgoint, Technico-Commercial chez Lindsay Europe.

Monsieur Dupouy, jeune agriculteur ultra-connecté nous reçoit dans son exploitation agricole. L’exploitation est divisée en trois sites : celui-ci, dont M. Dupouy s’occupe, et deux autres sites, qui se trouvent à la limite du Gers, gérés par ses deux associés.  « Au total, l’exploitation s’étend sur 800 hectares, dont 400 hectares ici dans Les Landes » nous explique M. Dupouy. Sur le site des Landes, il cultive uniquement du maïs semence, et l’ensemble est arrosé par des  pivots. Sur les autres sites sont cultivés 100 hectares de maïs semence et du maïs de consommation. Là bas dans le Gers, ils arrosent avec des pivots, mais également avec des enrouleurs car le terrain est vallonné et les parcelles biscornues. 

Lorsque M. Dupouy a repris l’exploitation il y a 6 ans, les pivots étaient déjà là. Le site en compte une vingtaine, et ils sont presque  tous informatisés. « Jusqu’à maintenant, on utilisait une télémétrie d’une marque concurrente, mais on est passé sur  FieldNET de Lindsay l’année dernière », nous explique M. Dupouy. Une armoire  FieldNET a été posée sur deux pivots de 7 et 8 travées, l’un des deux est en plus équipé du VRI.

FieldNET by Lindsay est un réseau sans fil qui donne le pouvoir à l’agriculteur de gérer à distance et de contrôler ses pivots à sa convenance. Avec   FieldNET, l’agriculteur peut surveiller son système d’irrigation en totalité, pivot par pivot. Il peut également  actionner et arrêter ses pivots à distance, à partir d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone,  vérifier l'état et la position de chaque pivot, et recevoir des rapports de consommation d’eau.

L'un des deux pivots était déjà là lorsque M. Dupouy a repris la ferme. Il a été équipé de 2 armoires l'une pour la gestion à distance, et l'autre, pour la technologie VRI. 

L’objectif du VRI est d'appliquer exactement la bonne quantité d'eau sur les différentes  zones de la parcelle, ce qui permet à l’agriculteur de contrôler au maximum les rendements et la rentabilité. M. Dupouy a choisi de l’installer sur cette parcelle car le sol y est très hétérogène, par conséquent, les besoins en eau ne sont pas les mêmes en différents endroits  de la parcelle. Sans le VRI, l'armoire de commande permet de diviser la parcelle en un camembert qui peut-être géré degré par degré mais l'on obtient la même pluviométrie tout le long de la machine. Avec le VRI où l'on intègre une cartographie des sols, la machine est maintenant capable de reconnaitre les différentes zones en tous points de la parcelle. Tout est prêt pour que l'agriculteur entre les prescriptions d'irrigation zone par zone.

 

Fonctionnement du VRI

Le pivot est équipé d’un modem 3G développé par Lindsay Corporation. Le boîtier VRI doté d’un écran tactile communique avec l'armoire de commande. Le boîtier VRI com­munique également avec chacune des passerelles qui se trouvent sur le pivot, chaque passerelle gérant trois ou quatre arroseurs de façon individuelle afin d'obtenir des modulations d'irrigations différentes pour chaque arroseur. La communication se fait par wi-fi d'une passerelle à l'autre. M. Bourgoint met en route le VRI, et l’on voit que la quantité d’eau varie d’un asperseur à l’autre (le pivot est équipé d’asperseurs Nelson Rotator R3000 en top). Il est égale­ment possible d’éteindre le VRI et de repasser en mode manuel. Dans ce cas, c'est l'armoire de commande qui reprend la main en utilisant le plan de busage originel du pivot.

« Mais le VRI n’est que le dernier maillon de la chaîne » expli­que M. Bourgoint. « Un travail en amont est nécessaire afin d’obtenir une cartographie de la parcelle avec les différents types de sols permettant à l'agriculteur d'entrer ses prescriptions d'irrigation zone par zone. Il est également pos­si­ble d'utiliser FieldNET ADVISOR conçu et développé par Lindsay Corporation. Il s'agit d'un outil d'aide à la décision entièrement intégré à la plateforme de gestion à distance FieldNET, qui permet d'obtenir les prescriptions d'irrigation de façon journalière suivant la cartographie du sol, la météo, le type de plante (maïs, soja, luzerne, pomme de terre, canne à sucre, etc.), sa variété et la date de semis ou de plantation. FieldNET ADVISOR associé au VRI créera auto­matiquement les plans d'irrigation journaliers zone par zone qui seront directement exploitable par le pivot si l'agriculteur le souhaite ». L'objectif de M. Dupouy est de savoir exactement quelle quantité d’eau et de fertilisants appliquer afin d’obtenir le meilleur rendement possible.Sa parcelle a été passée au peigne fin : sur 75 hectares pas moins de soixante analyses ont été faites. Le sol est sableux, comme c’est le cas dans les Landes, mais le sable n’est pas le même partout et la profondeur de la nappe  non plus. Dans certains endroits, il y a plus de matière organique que d’autres. Comme on peut le voir sur le graphique (page 7), les zones bleues foncées correspondent aux zones de la parcelle les plus profondes et les plus riches en matière organique, et les zones plus claires correspondent aux zones les moins profondes et les moins riches en matière organique. Il est plus difficile de faire pousser des cultures  sur les zones plus claires, et il faut arroser davantage. En effet, plus il y a de sable, moins le sol fixe l'eau. 

« Ensuite, on a modulé la densité de semis selon la zone » ex­plique M. Dupouy. La densité est plus importante dans la zone bleue foncée. « On pousse la technologie très loin, on fait varier la densité de semis et l’irrigation » résume M. Dupouy.

 

Bilan des deux dernières campagnes

A la question « Qu’est-ce que cette nouvelle installation  a changé pour vous ? », M. Dupouy répond : « Au début, quand le produit est arrivé dans la boîte et que je l’ai ouverte, j’ai eu peur. Mais en fait, c’est très simple à utiliser ». Et il ajoute : « Depuis que j’ai  FieldNET, je n’ai plus à aller au pivot. Je gagne du temps, et j’économise de l’eau ».

C’est la deuxième campagne que notre agriculteur réalise avec la technologie  FieldNET et le VRI. Lors de la première campagne, il n’a pas vraiment fait d’économie d’eau car  l’été 2017 a été très chaud. « De 12 mm par jour, on est descendu à 11 mm. Mais lors d’un été normal, on pourrait largement descendre à 10. Sur 20 passages, cela représente beaucoup de m3 » explique M. Dupouy.

« En 2018, on a beaucoup travaillé en manuel. On a surtout fait varier les semis. L’année prochaine, on amènera l’eau dessus, et c’est là que la technologie VRI prendra tout son sens » reprend M. Dupouy.

L’agriculteur arrose toujours avant les semis afin de préparer le sol. Les semis ayant été étalés sur un mois, entre la mi-avril et la mi-mai, la récolte va s’étaler sur tout le mois de septembre. Sur la parcelle qui nous intéresse, la récolte va se faire entre le 17 et le 20 septembre. Notre agriculteur arrête d’arroser 10 jours avant. Mais avant, M. Dupouy doit retirer les sondes qui se trouvent sur la parcelle. La présence de sondes est contraignante car il faut les installer, puis les enlever avant la récolte.

FieldNET ADVISOR a été conçu pour se passer de sondes. Les modèles de croissance de la plante, la cartographie du sol et les données météo suffisent.

Selon monsieur Dupouy, l’année 2018 a plutôt été une bonne année en grande culture. La récolte est satisfaisante et les prix remontent un peu.

 

La ressource en eau

Dans les Landes, on ne manque pas d’eau. M. Dupouy dispose d’une nappe phréatique peu profonde dans le sous-sol, avec une eau ferrugineuse  non potable. La haute teneur en fer de cette eau la rend très corrosive pour les machines. Ainsi, il faut régulière­ment remplacer les travées des pivots, plus souvent que dans d’autres régions. Par ailleurs, l’eau ferrugineuse peut poser un autre problè­me : les hydro­vannes et les petits tubings qui se trouvent sur les arroseurs risquent de se colma­ter. Pour éviter cela, l’agriculteur réalise des rinçages en début et en fin de campagne pour évacuer le maximum de résidus. L’installation existe depuis deux ans et pour le moment, les filtres ne se sont pas bouchés.

Quoiqu’il en soit et c’est l’essentiel, notre agriculteur dispose de toute l’eau qu’il veut. « À l’été 2017, lorsqu’il a fait très chaud, la nappe est decendue assez bas. Mais il y avait quand même de l’eau » remarque M. Dupouy. « Et l’hiver, on a même des puits artésiens ».

Pour récupérer cette eau, notre agriculteur a dû réaliser de nombreux forages sur son exploitation. « Pour  le seul pivot de 8 travées équipé du VRI, on a fait  pas moins de 6 forages », reprend M. Dupouy.

 

Conclusion

Le VRI n’est pas encore très répandu pour le moment. Cet investissement nécessite des choix de plantation avec des valeurs ajoutées élevées. Son utilisation est particulièrement intéressante dans des terrains hétérogènes..., comme c’est le cas dans l’exploitation de M. Dupouy, ou pour apporter des fertilisants dans des endroits spécifiques de  la parcelle ; ou encore, en cultures légumières sous pivot, pour arroser planche par planche selon les besoins de la plante et de son stade végétatif.