Paris plante des forêts urbaines pour lutter contre le réchauffement climatique

Paris s’engage activement dans la création de forêts urbaines pour lutter contre les îlots de chaleur urbain, améliorer la qualité de l’air et favoriser la biodiversité. Pour cela, la municipalité a repris la définition de « forêt urbaine » du célèbre paysagiste Gilles Clément, soit un certain nombre d’arbres avec des plantes de sous-bois de type arbustes, vivaces et fougères... Ces forêts urbaines sont créées le plus souvent sur des places très minérales, choisies avec soin après une étude approfondie du sous-sol. Cependant, la capitale française est limitée pour la création d’espaces verts car le sous-sol de la ville est très encombré.

Les principales initiatives en cours

Inaugurée en juin 2024, la première forêt urbaine parisienne a vu le jour place de Catalogne près de la gare Montparnasse dans14e arrondissent. La ville de Paris a transformé un ancien rond-point très minéral en un espace verdoyant. La nouvelle place végétale comprend aujourd’hui 470 arbres plantés et 4 000 m² de surface boisée, incluant une clairière de 860 m². On a constaté une réduction de la température ambiante de 4° grâce à l’effet rafraîchissant de la végétation.

Inauguré en septembre 2024, le second projet de la ville de Paris baptisé le « Bois de Charonne » dans le 20è arrondissement s’étend sur 3,5 hectares le long de la Petite Ceinture. Il comprend plus de 7 500 arbres plantés sur l’ancienne voie ferrée et un petit plan d’eau favorisant la biodiversité.

Enfin, le parvis de l’hôtel de ville est en ce moment en pleine transformation : 49 grands arbres sont en train d’être plantés en pleine terre, et une centaine de petits arbres aux feuilles non pérennes sont intégrés aux fontaines et au parvis, auxquels s’ajoutent 20 000 végétaux plantés pour embellir l’espace. Il n’est pas possible de planter davantage de végétaux pérennes car il y a un parking sous la place.

Deux autres projets sont en développement : au niveau de la petite Ceinture dans le 20ᵉ arrondissement, une future forêt de 35 000 m² remplacera une ancienne gare désaffectée, créant un nouvel espace vert entre le cours de Vincennes et la rue Volga. Un projet de végétalisation est également prévu place du Colonel Fabien, dans le même esprit que celui de la place de Catalogne, visant à réduire le caractère très minéral de la place en introduisant de la verdure.  

Zoom sur la place de Catalogne

Par une chaude journée du mois de juin, j’ai rendez-vous avec Eric Porcher, responsable de l’atelier arrosage de la ville de Paris, place de Catalogne dans le 14è arrondissement. Les immeubles de la place, essentiellement des logements sociaux, ont été conçus par le célèbre architecte Ricardo Bofill. Une véritable forêt urbaine se trouve au centre de la place, et l’effet rafraichissant se fait immédiatement sentir ;

La ville de Paris a transformé l’ancien rond-point qui se trouvait au centre de la place de Catalogne en un espace verdoyant. « La place, autrefois très minérale, était ornée d’une fontaine en son centre, qui a été remplacée par 470 arbres plantés et 4 000 m² de surface boisée, incluant une clairière de 860 m² » m’explique Eric Porcher.

La nouvelle place végétale est divisée en quatre espaces distincts : d’une part la pelouse, les noues et les massifs de vivaces, ouverts au public et la forêt, composée de grands arbres et de plantes de sous-bois.

 

place de catalogne

Un système d’arrosage sur mesure

Les pelouses sont arrosées avec des arroseurs classiques Rain Bird 5004 et les massifs de vivaces avec des MP Rotator de Hunter. « Les pelouses sont entourées de noues,qui forment comme de petits ruisseaux naturels en pente qui récupèrent les eaux pluviales, et se déversent dans un réservoir d’eau qui se trouve dans le local technique, sous la place » précise Eric Porcher.

La forêt a finalement été ouverte au public, alors qu’elle ne devait pas l’être au départ.  Les plantes de sous-bois qui la composent, fougères, arbustes et vivaces, sont arrosées avec des arroseurs 5004 de Rain Bird. Quant aux 450 arbres, chênes, merisiers et charmes, ils sont arrosés avec des arroseurs spécifiques, adapté aux arbres en motte et visant à remplir la cuvette. « On a installé des bubblers CN 25 Hunter montés sur une ou plusieurs tuyères selon la taille de la motte » nous explique Eric Porcher.

On remarquera qu’il n’y a aucun arrosage goutte-à-goutte sur la place mais seulement un arrosage par aspersion car les rats grignotent les tuyaux, et c’est le cas dans toute la ville de Paris.

Eric Porcher ajoute : « L’installation compte deux réseaux et 5 électrovannes en fonction du débit disponible ».

 Les eaux pluviales sont récupérées pour l’arrosage 

La ville de Paris ne manque pas d’eau. Elle a à sa disposition un réseau d’eau potable, prélevée de multiples façons pour sécuriser son approvisionnement (dans la nappe, dans la Seine, dans la Marne, sur différentes sources à plus de 100 km de Paris, etc…) et un réseau d’eau non potable, composées des eaux de la Seine, de la Marne et du canal Saint Martin. Cependant, la consommation d’eau pour arroser les espaces verts et alimenter les fontaines pèse dans la consommation d’eau de la ville. Un plan de sobriété en eau a été voté à l’automne dernier, et le service des espaces verts a par conséquent pour consigne de réduire sa consommation.

Comme nous l’avons vu plus haut, les eaux pluviales sont récupérées par le système des noues pour être redirigées dans un local technique qui se trouve sous la place. Le local existait déjà car il permettait d’alimenter la fontaine qui se trouvait au centre de la place. M. Porcher précise : « Les noues et la pelouse sont arrosées en eau potable et la forêt avec de l’eau non potable filtrée et traitée par un réacteur à lampes UV ».

 

arrosage

Un arrosage basé sur des données agronomiques

Le système de programmation « Liebearth », conçu par un ingénieur basé à Vienne, a été choisi pour gérer l’arrosage de la place. M. Porcher nous explique en quelques mots en quoi il consiste : « Ce système permet d’installer un nombre infini de sondes d’humidité (5 ici) et de faire une programmation non calendaire, où la sonde met en route et arrête l’arrosage. Et le système va encore plus loin avec les données météos prédictives et un pluviomètre connecté ». Et il ajoute : « c’est une approche agronomique de l’arrosage, ce qui veut dire que l’on ajuste les quantités d’eau en rapprochant ou éloignant les arrosages, et non en augmentant les quantités ; cela fonctionne mieux pour les végétaux et on a moins de déperdition d’eau ».

Conclusion

L’expérience de la place de Catalogne est un succès. Sur les 450 arbres plantés l’année dernière, ils sont tous repartis à l’exception d’un seul arbre qui est mort.

La ville de Paris attaque maintenant le chantier de la place du Colonel Fabien, qui sera aménagée sur le même principe, et devrait être prête l’hiver prochain.

Ces forêts urbaines visent à réduire les températures en ville en créant des îlots de fraîcheur, améliorer la qualité de l’air en captant le CO₂ et en filtrant les particules fines. Autre avantage : elles favorisent la biodiversité en offrant des habitats à diverses espèces et offrent des espaces de détente et de promenade aux habitants. La Ville de Paris prévoit de planter 170 000 arbres d’ici la fin de la mandature actuelle, renforçant ainsi son engagement en faveur de la transition écologique.