La proposition de l’Union européenne (UE) visant à restreindre l’utilisation et, dans certains cas, à interdire les produits chimiques dits « éternels » se heurte à une opposition massive de la part des groupes de pression, selon un rapport de l’ONG de surveillance des entreprises Corporate Europe Observatory.

À la demande du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Norvège et de la Suède, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) évalue actuellement une proposition visant à restreindre l’utilisation des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), plus communément appelées « polluants éternels ».
Les PFAS, que l’on trouve dans une large gamme de produits de consommation et de fabrication industrielle, sont nocifs pour les humains et pour l’environnement. Selon une étude distincte, le coût de la dépollution des PFAS au cours des 20 prochaines années est estimé à plus de 2000 milliards d’euros.
Malgré cela, le Corporate Europe Observatory prévoit qu’une forte campagne de lobbying des entreprises à Bruxelles pourrait empêcher la proposition d’interdiction et restriction de devenir loi.
« L’industrie exerce une forte pression sur les décideurs de l’UE, y compris la Commission européenne, pour protéger ses profits et les produits à base de PFAS, malgré les preuves évidentes de leurs effets dévastateurs sur la santé et l’environnement », affirme l’ONG dans un communiqué de presse.
Alors que le processus est actuellement entre les mains de l’Agence européenne des produits chimiques, l’ONG affirme que les lobbyistes de l’industrie ciblent principalement la Commission, qui est responsable de toute proposition législative éventuelle.
Selon le Corporate Europe Observatory, outre le lobbying direct, les principales tactiques utilisées sont le financement d’études d’impact et d’autres « études favorables à l’industrie », ainsi que le ciblage d’eurodéputés ou de décideurs régionaux.
Le rapport pointe du doigt les associations professionnelles de l’industrie chimique Plastics Europe et le Conseil européen de l’industrie chimique (CEFIC).
« Le CEFIC a commandé des études sur les coûts de la proposition sur les PFAS qui ignorent les bénéfices pour la santé et l’environnement, tandis que Plastics Europe tente d’éviter une interdiction des PFAS fluoropolymères en promouvant des mesures alternatives plus faibles », peut-on lire dans le communiqué de presse.
Dans des réponses écrites à Euractiv, le CEFIC a déclaré que l’interdiction proposée avait un impact sur des centaines de chaînes de valeur interconnectées. Plastics Europe a quant à elle averti qu’une interdiction générale pourrait avoir des conséquences importantes et involontaires, y compris des perturbations dans des industries essentielles.
Le rapport de l’ONG de surveillance des entreprises a également eu des mots durs à l’égard de la Commission, affirmant qu’elle « encourageait fermement les lobbyistes des PFAS et [leur] donnait des indications rassurantes quant à sa future prise de décision ».