Le Riz est peut-être la céréale la plus commune au monde. Il est présent dans presque tous les foyers de la planète. C’est, dans le monde, l’une des principales ressources alimentaires. Un produit de base ! Au cours de la campagne agricole 2021-2022, 520 millions de tonnes de riz environ ont été consommées dans le monde.
Les terres utilisées pour la culture du riz dans le monde sont incroyablement vastes. Au cours de la campagne agricole 2021, dans le monde, 165,25 millions d'hectares de riz ont été plantés.
Et presque toutes ces terres sont constamment inondées.
Bien que la plantation en rizières (culture du riz dans des parcelles inondées) soit une méthode de culture traditionnelle, elle n'est pas parfaite et présente d’importants inconvénients, des conditions de croissance non-optimales et une pollution par émissions de gaz à effet de serre.
Mais le principal inconvénient est sans conteste l’utilisation d’eau douce, précieuse ressource devenant de plus en plus rare.
2022 a été, dans la péninsule ibérique, une année très sèche. Tout le monde en a été affecté, consciemment ou non et ce genre de sécheresse ne laisse personne indifférent. Les riziculteurs ont été certainement conscients de la situation et des décrets pour réduire les surfaces cultivées ont été publiés.
« Les estimations de la production céréalière automne-hiver pour la campagne de commercialisation 2022-2023, récolte 2022, reflètent globalement une baisse par rapport à la campagne précédente. En céréales de printemps, les avancées des surfaces cultivées de la récolte 2022 enregistrent des baisses en riz (- 34,5 %), en blé (- 10,1 %) et en sorgho (- 3,8 %) ». Gobierno de España, Ministerio de Agricultura, pesca y alimentación (source : Boletín Mensual de Estadística - août-septembre 2022 - Ministerio De Agricultura, Pesca Y Alimentación)
Les avantages de l'irrigation goutte-à-goutte par rapport à l'irrigation par submersion
L'irrigation goutte-à-goutte présente de nombreux avantages par rapport à l'irrigation par submersion, et la plupart d'entre eux sont bien connus. Nous en soulignerons quelques-uns ici et nous verrons comment l'irrigation goutte-à-goutte du riz pourrait avoir des avantages spécifiques.
Efficience de l'utilisation de l'eau. Comme le montre l'essai décrit ci-dessous, l’utilisation de l'irrigation goutte-à-goutte économise d'énormes quantités d'eau. Ceci est de notoriété publique et sans risque de se tromper. Ce qui n'est pas aussi largement connu, ce sont les implications liées à une surutilisation de l'eau dans l'irrigation par submersion, et plus particulièrement dans les rizières.
Dommages sur la structure du sol et compactage. L'eau qui stagne a une forte influence sur le sol situé en dessous. Lorsque le sol est constamment au point de saturation, aucune aération n'est possible, sa perméabilité est compromise et des conditions d'anoxie apparaissent. Tous ces éléments dégradent le sol, les micro-organismes présents et les plantes elles-mêmes.
L'irrigation du riz au goutte-à-goutte permet de maintenir le sol à la « capacité au champ », ou à tout autre point de teneur en eau souhaité par le producteur et de garder un sol sain et aéré avec une structure convenable et stable.
Efficience de l’utilisation des nutriments. Un autre fait bien connu est qu’avec l'irrigation par submersion, les nutriments ne sont pas utilisés de façon efficiente. Les engrais apportés descendent sous la zone racinaire concernée. Et n’étant plus disponibles pour la plante, ils polluent les sources d'eau souterraines. Avec l'irrigation par submersion ceci est quasiment inévitable.
L'irrigation goutte-à-goutte, en revanche, offre une efficience maximale dans l'utilisation des nutriments, entraînant ainsi des économies. Non seulement la pollution est minimale, mais les économies d'engrais sont maximales.
Les émissions de gaz à effet de serre. Cela peut surprendre, mais les rizières sont en fait un contributeur majeur dans le réchauffement climatique via les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les conditions anaérobies causées par les sols gorgés d'eau créent un environnement parfait pour les bactéries méthanogènes. La décomposition biologique de la matière organique dans ces conditions produit et libère d'énormes quantités de méthane (CH4) dans l'atmosphère. Les zones humides (naturelles et artificielles) sont la principale source d'émissions atmosphériques de CH4, représentant environ 39 à 112 Tg de CH4 par an en provenance des rizières. (source : Chen et Prinn, 2006 ; Denman et coll., 2007)
C'est une situation autoentretenue. Les rizières contribuent au changement climatique, ce qui rend plus difficile pour les riziculteurs de cultiver le riz comme avant. L'utilisation de l'irrigation goutte-à-goutte, qui permet une aération du sol, peut renverser la tendance, non seulement en économisant l’eau et les nutriments, mais en ralentissant la formation de l’un des principaux éléments qui contribuent au réchauffement et au changement climatique.
Autres avantages – fertirrigation. Au Portugal pour les riziculteurs, il est courant de fertiliser les champs par voie aérienne à l'aide de petits avions. L'irrigation goutte-à-goutte offre une merveilleuse alternative à cela.
Utiliser les installations non seulement pour irriguer mais aussi pour distribuer les fertilisants présente de grands avantages. Au-delà d’économies substantielles en termes de quantité, la fertigation permet un apport précis des engrais directement dans la zone racinaire, au bon moment, pendant la bonne durée, en appuyant simplement sur un bouton et sans devoir utiliser un avion.
Les bonnes nouvelles
Essai préliminaire à grande échelle. La riziculture moderne est la prochaine étape pour l'irrigation goutte-à-goutte. Rivulis s'est joint à l'effort collectif pour trouver un moyen pour faire en sorte que cela fonctionne
Au Portugal, l'équipe Rivulis, en collaboration avec notre représentant Magos, chargé de la logistique, de la mise en œuvre, des composants de l’installation et de bien d’autres choses, a décidé de relever ce défi révolutionnaire. En collaboration avec une organisation portugaise de riziculteurs appelée Orivárzea S.A., un essai au champ a été mis en place.
Le partenaire. Orivárzea S.A. est une coopérative de riziculteurs de Ribatejo, au Portugal, comprenant 42 agriculteurs cultivant un total de 3 850 hectares.
• Production totale : 22 000 tonnes (soit 15 % de la production nationale).
• Méthode d'irrigation : inondation par submersion.
• Consommation d'eau : 10 000 - 15 000 m3/ha.
Rivulis a entrepris un essai d'irrigation goutte-à-goutte avec Oriváres S.S sur l'une de leurs exploitations. Inutile de dire que cela a fait pas mal le « buzz »…
L'objectif initial. Avant de perfectionner cette méthode de culture du riz, nous voulions d'abord nous assurer que l'irrigation goutte-à-goutte pouvait être réalisée pour le riz. Économiser de l'eau en améliorant considérablement l'efficience de son utilisation pour cette culture, étaient nos principaux objectifs.
Caractéristiques de l’essai. Nous avons utilisé du T-Tape (708-30-250), débit 0,75 l/h, avec un espacement d’un mètre entre les rampes.
• Variété de riz : Ariete (Japónic–Carolino).
• Date de mise en place de la culture : 19 mai.
• Date de la récolte : 12 octobre.
• Densité de semis : 170 kg/ha (contrairement à la parcelle inondée qui avait 200 kg/ha), 13,5 cm entre lignes de semis.
• Profondeur de semis : 3 cm.
• Cycle de culture : 130 jours.
Économie d'eau. Bien que le rendement ait été légèrement inférieur au rendement national moyen, nous avons réussi à économiser 45 % d'eau. Ce chiffre est ce qu’il y a de plus important. Une diminution de 45 % de la consommation d’eau montre que le riz peut effectivement être cultivé en utilisant l'irrigation goutte à goutte. L'eau douce est peut-être la ressource la plus importante dont nous disposons. Produire la même quantité de nourriture (sinon plus) en utilisant moitié moins d’eau est à coup sûr une victoire, non seulement pour le Portugal et la péninsule ibérique, mais pour le monde entier.
L'irrigation goutte-à-goutte existe depuis un certain temps, mais au niveau mondial une grande partie de notre alimentation provient de cultures irriguées par submersion de façon permanente. Cette avancée nous permettra d'économiser beaucoup d'eau une fois que l’irrigation goutte-à-goutte sera adoptée par les riziculteurs.
Faire un choix. L'eau est une ressource extrêmement précieuse - sa conservation peut également nécessiter un investissement. Mettre en place un système d'irrigation goutte à goutte et économiser environ 50 % de l'eau nécessaire à la bonne culture du riz a naturellement un prix. Dans ce cas, l’investissement est de 600 EU/ha. Selon l'emplacement, les conditions climatiques, le type de sol ou d’autres facteurs, ce chiffre peut varier.
Si nous sommes frappés par la sécheresse et que les instances gouvernementales décident de réduire les surfaces irriguées par submersion, une économie d'eau de 50% permettrait de doubler la surface cultivée en utilisant la même quantité d’eau.
Résumé
Cet essai, bien que préliminaire, est une première étape très prometteuse. Ceci concerne le monde entier. L'idée de réduire la consommation d'eau de 50 % dans le monde, d'économiser sur les engrais et de réduire la pollution pour la production internationale de riz est surprenante. À cela s’ajoute la non moins surprenante réduction des émissions des gaz à effet de serre pour l'irrigation du riz au goutte-à-goutte. Rivulis s'engage à investir dans des innovations de terrain pour soutenir les riziculteurs dans le monde entier.