Nous nous sommes rendu à Cranchaban, en Poitou Charente, où une trentaine d’agriculteurs des Landes, d’installateurs et de techniciens assistaient à la présentation du premier pivot solaire installé en France par les Ets Billaud-Segeba, distributeur Valley® en Poitou.
Thierry Joubert, agriculteur à Cramchaban à côté de Mauzé/Le Mignon, est depuis l’année dernière propriétaire d’un pivot solaire de marque Valley®. Son exploitation s’étend sur 150 hectares, dont 80 de maïs. Les autres assolements comprennent du blé tendre, du blé dur, de l’orge de brasserie et du colza. La totalité de son exploitation est irrigable, exceptée 7 hectares. Or, dans cette région de Poitou-Charente, l’eau vient souvent à manquer. Thierry Joubert a résolu le problème grâce à la constitution d’une réserve d’eau de 350 000 m3 rechargée par forage. Ils sont quatre agriculteurs à puiser dans cette réserve, M. Joubert bénéficiant d’un quota de 130 000 m3. Il faut un mois et demi à la réserve pour se recharger quand il pleut.
Selon notre agriculteur, « dans 5 ans, ceux qui n’ont pas de réserve d’eau ne pourront plus arroser », compte tenu des pressions environnementales.
Depuis deux ans, on trouve des pivots solaires en Espagne. Celui-ci est le premier pivot solaire utilisé en France. Cet outil de haute technologie irrigue une parcelle de 12 hectares de maïs. Avant, la parcelle était arrosée en couverture intégrale. La consommation d’eau était beaucoup plus importante et l’arrosage peu efficace. Aujourd’hui, il n’y a pas de câble électrique enterré, pas d’abonnement EDF à payer… « Les économies d’eau, de main-d’œuvre et d’énergie sont considérables et compenseront rapidement le prix élevé du pivot », explique M. Joubert.
Le pivot est doté d’une armoire de commande et, naturellement, de panneaux solaires. L’armoire de commande donne la possibilité de programmer des secteurs d’arrosage et des angles de déclenchement. Elle ne dispose pas d’horloge (programme de démarrage). C’est une option que le client peut demander. M. Joubert ne l’a pas choisi ; il préfère mettre en marche son pivot manuellement ou bien par téléphone.
Le pivot dispose d’un système de contrôle par GSM qui envoie des messages sous forme de texto sur le téléphone de l’utilisateur, ce qui permet à l’agriculteur d’être informé en temps réel du fonctionnement de son pivot. Par exemple si quelqu’un arrête, redémarre le pivot ou si le pivot se met en sécurité, l’agriculteur est prévenu par un texto sur son portable. Le pivot est également équipé d’un système antivol qui prévient M. Joubert sur son téléphone portable et à son domicile.
« Les économies d’eau, de main-d’œuvre et d’énergie sont considérables et compenseront rapidement le prix élevé du pivot », explique Thierry Joubert
Autre option possible : travailler avec des sondes d’humidité. L’agriculteur vérifie alors sur internet le taux d’humidité des sols ; en fonction du résultat, il peut prendre la décision d’irriguer ou pas. Cela permet de réaliser d'importantes économies d'eau. Mais c’est toujours à l’agriculteur de déclencher l’irrigation, ce n’est pas automatique "car aucun logiciel ne peut remplacer l’intelligence de l’utilisateur" précisie M. Joubert.
Thierry Joubert a acheté son pivot à l’automne 2011. Sa campagne s’est très bien déroulée : il a épandu 30 tonnes de compost de fiente de volaille à l’automne. Ce compost naturel est utilisé pour enrichir les champs de maïs. L’agriculteur laisse le fumier se décomposer dans le coin d’un champ pendant plusieurs mois avant de l’épandre.
Ensuite, en décembre viennent les labours, en mars les rouleaux puis la herse rotative qui permet de préparer le lit de semence en brisant les mottes afin qu’elles soient plus fines.
Enfin, il a commencé à semer. Il n’utilise pas de fertigation mais a seulement épandu de l’azote. En été, M. Joubert fait un tour d’eau par semaine, ce qui correspond à 25 mm en 30 heures sur notre parcelle de 12 hectares. « Depuis le début de la compagne, je n’ai mis que 70 mm, compte tenu du printemps et du début d’été exceptionnellement pluvieux ».
Thierry Joubert est très content de son pivot solaire compte tenu des économies d’eau, de main-d’œuvre et d’énergie qu’il lui permet de réaliser : « Partout où je pourrai, j’en mettrai » explique-t-il au groupe de visiteurs. « Le seul problème, c’est qu’il faut avoir 50 ans pour pouvoir se payer une telle machine ».