Dans l'agriculture moderne, l'irrigation goutte à goutte est depuis longtemps passée du stade d'innovation à celui d'attente. Elle offre l'un des moyens les plus efficaces de gérer l'eau et les nutriments, assure la régularité des rendements et soutient l'agriculture, même dans les régions les plus soumises au stress hydrique. Mais dans les exploitations agricoles et les champs du monde entier, un problème silencieux émerge, souvent inaperçu jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Les systèmes ne fournissent plus les mêmes performances qu'au premier cycle. La pression est irrégulière. Le débit des goutteurs diminue. La variabilité des cultures s'installe. Les rendements chutent. Et la raison en est rarement le système lui-même. Le problème est un manque d'entretien.

Ce que les producteurs ne voient pas, c'est ce qui leur coûte le plus cher.
Les pannes des systèmes goutte à goutte sont souvent progressives. Contrairement à un tracteur en panne, les signes de problème sont subtils : une légère variation de débit, un goutteur bouché ici ou là, un filtre qui ne se rince pas correctement. Si ces petits problèmes ne sont pas résolus à temps, ils peuvent entraîner d'importantes pertes de rendement au fil du temps. Le revers de la médaille est l'impact positif de l'entretien. Une étude à long terme menée par l'Université d'État du Kansas a révélé que les systèmes goutte-à-goutte bénéficiant d'un entretien régulier présentaient un débit constant et uniforme pendant plus de 27 saisons (26,5 ans précisément).
Les neuf points clés : les pratiques d'entretien essentielles pour un bon fonctionnement des systèmes
S'appuyant sur des années d'expérience sur le terrain, des audits de systèmes et les retours des agriculteurs, Rivulis a identifié neuf points de pression clés où l'entretien fait la différence.
1. Filtration : Une mauvaise filtration est le moyen le plus rapide d'obstruer les goutteurs et de réduire la durée de vie du système. Qu'il s'agisse de filtres à média, à tamis, à disques ou hydrocyclones, chaque type nécessite un programme d'inspection et d'entretien spécifique. Même une légère variation de la pression différentielle à travers le filtre peut indiquer une défaillance en cours qui peut ne pas être détectée avant que la culture ne souffre.
2. Pression de service : Une légère variation de pression peut affecter considérablement les performances du goutteur. Les variations de pression peuvent indiquer le blocage du goutteur, une intrusion de racines si la pression augmente, ou des fuites si elle diminue. L'essentiel est de mesurer la pression par rapport aux spécifications de conception initiales afin de détecter rapidement les variations.
3. Surveillance du débit : Un système goutte-à-goutte sans surveillance du débit est un système fonctionnant à l'aveugle. Une légère baisse de débit peut passer inaperçue jusqu'à une baisse des rendements. Il est important de se rappeler qu'une diminution du débit signifie que les plantes ne reçoivent pas l'eau dont elles ont besoin, conformément à la conception. À l'inverse, une augmentation du débit est néfaste : elle est souvent le signe d'une fuite.
4. Rinçage : Même avec une eau propre, du limon et des algues peuvent s'accumuler dans les conduites latérales et secondaires. Un rinçage insuffisant, à la vitesse d'écoulement adéquate, crée un bouchon quasiment impossible à éliminer par la suite. De nombreux producteurs rincent trop peu, ou avec un débit insuffisant pour être efficaces. Rivulis souligne que le rinçage ne consiste pas seulement à ouvrir les extrémités des conduites d'irrigation goutte-à-goutte, mais aussi à obtenir une vitesse d'écoulement suffisante pour éliminer les débris. Les conduites secondaires nécessitent une vitesse de rinçage d'au moins 0,5 m/s (1,5 pi/s) et les conduites latérales goutte-à-goutte d'au moins 0,3 m/s (1 pi/s).
5. Traitement chimique : Un traitement chimique est nécessaire pour éviter l'obstruction des lignes goutte-à-goutte par les solides qui précipitent et s'agrègent dans les tubes, ainsi que par les matières organiques qui traversent le filtre et se propagent dans le système d'irrigation. Il existe deux types de traitement : le traitement à l’acide, utilisé pour dissoudre les sédiments minéraux, et le traitement oxydant (chlore/peroxyde), pour oxyder les matières organiques, le fer et le manganèse, prévenir la formation d'algues et éliminer les bactéries soufrées. Le traitement chimique est très important, mais il doit être réalisé correctement et respecter des consignes de sécurité spécifiques. De plus, de nombreux facteurs entrent en jeu, notamment les types d'acides, les traitements au chlore ou au peroxyde d'hydrogène, la sensibilité des matériaux, ainsi que le calcul des concentrations et la quantité à injecter. Pour cela, vous aurez besoin de références sur la façon d'effectuer ces calculs, comme la plateforme de connaissances Rivulis et les guides sur les goutteurs (tous deux disponibles en ligne sur www.rivulis.com).
Crédit photo : Rivulis / gestion des vannes
6. Prévention des fuites et des colmatages : Les mesures de pression et de débit révèlent les problèmes après leur apparition. Il est préférable de prendre des mesures préventives pour réduire les risques de fuites et de colmatages dès le départ. Votre programme d'entretien doit également inclure une gestion active pour prévenir l'intrusion des racines des goutteurs, les dégâts causés par les insectes et les rongeurs, l'ingestion de sol et les précipitations (lorsque les sels dissous se combinent et deviennent non solubles).
7. Gestion de la fertirrigation L'utilisation d'engrais insolubles, les engrais incompatibles et un mauvais timing d'injection sont les principales causes de dommages aux goutteurs.
8. Entretien de la pompe et de la source d'eau : Votre source d'eau et votre pompe ont un impact sur tout ce qui suit. Les réservoirs ouverts nécessitent un contrôle des algues et des sédiments. Les pompes doivent être vérifiées et entretenues régulièrement.
9. Gestion de la salinité : Le sel ne disparaît pas, il s'accumule à chaque irrigation. L'ajout d'engrais peut encore augmenter la salinité. L'excès de sel doit être éliminé de la zone racinaire avant qu'il n'atteigne un niveau qui affecte sérieusement le rendement. Heureusement, il existe de nombreuses techniques de lessivage du sel, allant de l'emplacement des goutteurs latéraux à la fréquence et à la durée d'irrigation.
En conclusion : l'entretien n'est pas un coût, c'est une protection.
La qualité des systèmes d'irrigation goutte à goutte dépend de l'attention qu'ils reçoivent après leur installation. Ce qui dégrade le plus les performances du système n'est pas l'âge, mais le manque d'attention. Des petits oublis transforment une irrigation de précision en un patchwork d'irrégularités. L'expérience sur le terrain le prouve : l'entretien n'est pas une corvée, c'est l'assurance du système dans lequel vous avez investi.
Pour les producteurs qui recherchent des conseils détaillés, étape par étape, sur les neuf points critiques de l'entretien, Rivulis offre un accès libre à l'intégralité de ses ressources techniques via le Rivulis Knowledge Hub : www.rivulis.com/knowledge-hub