L’hippodrome parisien de Longchamp est parmi les plus célèbres au monde. Sa renommée découle en partie de celle du Prix de l’Arc de Triomphe, course mythique qui s’y déroule chaque mois d’octobre depuis 1920. Les plus grands pur-sangs, les plus grands jockeys, où qu’ils soient le reste de l’année, tiennent à s’y produire à ce moment là. L’élégance du site, la qualité des tracés de Longchamp et sa taille (57 hectares dans le Bois de Boulogne) font de ce site l’équivalent hippique de la Tour Eiffel. Tout un symbole.
Plusieurs fois transformé, l’hippodrome de Longchamp subit actuellement de gros travaux pour entrer de plein pied dans le XXIe siècle. Il rouvrira ses portes au début de la saison 2018, dans un nouvel écrin imaginé par l’architecte Dominique Perrault. Loges de grand standing, restaurants panoramiques, tribunes coiffées d’un bâtiment de verre transparent aux allures futuristes, des travaux titanesques réalisés par Bouygues sont en cours afin d’améliorer cette enceinte sportive d’exception dont les premières pierres datent de 1857. La tribune historique, juste à côté du grand bâtiment en construction, a été conservée, et nous remémore l’exceptionnelle histoire du site.
Un système d’arrosage hors-norme
Les pistes sont également concernées par ces changements. Le système d’arrosage et toutes les canalisations ont été changés. La société Soisy Arrosage s’est chargée de la partie arrosage et la société Hublart, du terrassement et des canalisations. Le chantier a duré 9 mois, de février à octobre 2016. M. Madelaine, directeur de Soisy Arrosage, explique en quoi ces importants travaux ont consisté : « On a repassé tous les réseaux, refait la filtration, la gestion centralisée, les arroseurs dont l’uniformité doit être parfaite et mis en place un arrosage spécifique au niveau de la corde, très sollicitée par le passage des chevaux. » et il reprend « Avec l’installation précédente, datant de 1998, les pistes disposaient de 30 arroseurs non sectoriels. Le système était puissant et fonctionnait, mais il arrivait souvent qu’une zone sèche soit arrosée en même temps qu’une zone plus humide ! L’arrosage n’était pas uniforme ».
L’hippodrome a été construit sur un ancien lit de la Seine, sol sableux très fertile qui présente le double avantage d’être souple et non blessant pour les chevaux et d’être très riche en nutriment. Francis Lamotte, directeur des pistes, explique : « Les alluvions de la Seine et les résidus de coupe du gazon restituent 200 unités d’azote par an ; ainsi, nous fertilisons très peu, soit seulement 60 unités d’azote par an. En deux ans, nous avons fertilisé une seule fois, il y a trois semaines. »
L’hippodrome compte 4 pistes, donc trois concentriques qui s’élargissent au niveau des étangs :
- la grande piste de 2750 mètres, corde à droite.
- la piste moyenne de 2500 mètres, corde à droite.
- la petite piste de 2150 mètres, corde à droite.
- la ligne droite de 1000 mètres qui recoupe l’ensemble.
Une cinquième piste ovale, en sable fibré, est actuellement en projet. Il est prévu qu’elle soit arrosée.
Pas moins de 793 arroseurs ont été posés au total. Et chaque zone est dotée d’un arrosage spécifique, selon ses besoins :
• pour arroser les pistes, 241 arroseurs Toro 690 et Infinity 835, d’une portée comprise entre 21 et 33 mètres, ont été installés. Selon les secteurs de pistes concernés, en particulier lorsque la piste est très large, 60 canons rétractables VP3 Perrot ont été posés de part et d’autre des pistes, en triangle, avec une portée de 40 à 55 mètres et un cœfficient de distribution identique à celle des arroseurs de moindre portée.
• Au niveau de la corde, là où passent les chevaux et où le gazon est le plus sollicité, des arroseurs Hunter I20 inox de portée 6 mètres ont été positionnés sous la lisse, tous les 10 mètres. « Ainsi on peut arroser la corde, zone la plus sollicitée pas les chevaux, sans nécessairement arroser le reste. Et cet arrosage spécifique de la corde permet de récupérer les zones du gazon les plus abîmées plus rapidement après une course. » explique M. Delporte, directeur de l’hippodrome. En effet, le terrain, qui accueille chaque année 250 courses sur 15 à 30 départs différents, est mis à rude épreuve.
Par ailleurs, tous les arroseurs sont pilotés individuellement, au moyen d’un système de gestion centralisée par ordinateur (Rain Bird Site Control) et d’une station météo. Les secteurs et les temps d’arrosage peuvent ainsi être définis selon les besoins, et l’uniformité de l’arrosage être proche de la perfection. Et M.Delporte poursuit : « La pelouse doit être homogène, parfaitement souple, adapté aux chevaux. Dans le cas d’un terrain non homogène, les chevaux peuvent faire un changement de jambe, ou au pire, se blesser ». Ainsi, rien n’est laissé au hasard pour assurer la sécurité des chevaux et des jockeys. L’état des pistes est évalué quotidiennement à l’aide d’un pénétromètre, qui indique si le sol est bon, souple ou très souple. À Longchamp, temple du galop, le sol doit impérativement être bon. Et bien que la station météo donne des indications, c’est toujours le gestionnaire du site qui a le dernier mot. « En période de course, en avril-mai ou septembre-octobre, on regarde la météo quatre fois par jours. Le terrain doit être parfait. Ca se joue au millimètre près d’eau. » explique M. Lamotte, le responsable des pistes.
Station de pompage – canalisations – drainage
Grâce à une station de pompage de 800 m3/h, les eaux brutes de la seine, de qualité « moyenne » selon Francis Lamotte, sont acheminées dans les canalisations, existantes ou construites. La société Hublart s’est chargée du terrassement et des canalisations. En tout, après terrassement, 14 740 m de tuyaux ont été déroulés sous et à l’extérieur des pistes. Enfin, une fois les canalisations installées et comblées de remblai, le gazon existant est de nouveau posé. Une fine couche de sable couvre parfois les tranchées avant de remettre les plaques de gazon, pour faciliter le drainage superficiel et favoriser le système racinaire.
Les pistes sont drainées grâce à un réseau de drainage profond, vieillissant mais encore opérationnel, et des fentes de suintement. Espacées de 45 cm et à 35 cm de profondeur, elles sont remplies de polystyrène pour ne pas blesser les chevaux. Près du lac, où les eaux sont marneuses, on arrose beaucoup moins et le drainage s’impose.
Selon Pierre-Alain Madeleine, « travailler à deux entreprises sur un chantier d’une telle ampleur a nécessité beaucoup de coordination, d’écoute et d’entraide. Nous nous sommes serrés les coudes afin de travailler le mieux possible et de mener à bien le chantier en temps et en heure ».
Et M. Delporte conclut : « Avec ce système, les gestionnaires du site peuvent arroser les zones de reprise sans arroser toutes les pistes, ce qui était synonyme de perte d’eau (même si elles sont brutes). Dans un avenir proche, les gestionnaires du site peuvent espérer une économie d’eau de 30 % et des cycles d’arrosage réduits ».
Après deux ans de fermeture, l’hippodrome de Longchamp devrait rouvrir ses portes en avril 2018. Mais en attendant, le Prix de l’Arc de Triomphe 2017 a eu lieu à Chantilly pour la deuxième année consécutive.
Longchamp en chiffre :
• Création en 1857 (sous Napoléon III)
• Une trentaine de réunions pas an
• Capacité d’accueil : 50 000 spectateurs
• 35 à 40 salariés permanents
• 57 hectares, dont
17 hectares de piste en gazon
• 64 départs différents.
Fiche technique
• Maître d’ouvrage : France Galop
• Maître d’œuvre : K-Consult,
bureau d’étude arrosage
• Entreprises cotraitantes : Soisy Arrosage (pose arroseurs et gestion par ordinateur), établissements Hublart (terrassement et pose des réseaux)
• Livraison du nouvel hippodrome : septembre 2017
• Coût (arrosage) : 1,4 millions d’Euros.
Chantier arrosage en chiffre :
• 793 arroseurs de 8 m à 55 m de portée.
• 14 740 mètres linéaire
de tranchées et de canalisations.
• Gestion centralisée avec
464 décodeurs et station météo.
• Station de pompage de 800 m3/heure.