Je me suis rendue sur le golf de Rochefort par une matinée ensoleillée avec Raphaël Karm de la société Terideal (anciennement Sirev).
Après nous être garé, nous avons traversé un champ boueux, puis le Canal de Charras et aperçu juste après une station de relevage flambant neuve. M. Karm m’explique : « Cette station de relevage permet de prélever l’eau dans le canal pour l’amener dans le bassin de stockage ». Et, il ajoute : « Il y a deux pompes, au cas où l’une tomberait en panne, et elles se réunissent ensuite en une seule conduite ». La station n’est pas couverte car la parcelle se situe dans une zone Natura 2000, où toute construction de bâtiment est interdite. Nous apercevons ensuite une conduite en PVC qui part de la station et file jusqu’au parcours. 600 mètres de tuyau ont été installés.
Un peu plus loin, sur le parcours de golf en construction, nous apercevons la retenue d’eau principale, un grand bassin de 40 000 m3, destiné à stocker l’eau pompée dans le canal de Charente en hiver pour la réutiliser en été. En effet, après fin février, il est interdit de pomper de l’eau dans le canal ; or, c’est en été que les besoins en eau sont le plus important, et ces besoins en eau vont être encore plus importants avec l’extension du golf de 9 trous. Deux retenues d’eau supplémentaires, d’une capacité de stockage de 20 000 m3, sont en train d’être creusées, non loin de la première, pour faire face à cette nouvelle demande. Au total, c’est 70 000 m3 qui seront disponibles pour l’arrosage du golf.
À proximité de la retenue d’eau principale, dans un petit bâtiment en bois tout juste sorti de terre, une nouvelle station de pompage est en train d’être installée. Cette station de pompage est une station de 4e génération, de marque Xylem, avec supervision sur écran tactile. Elle comporte trois pompes qui permettent d’alimenter le réseau d’arrosage et une petite pompe pour remettre l’eau dans le premier bassin. Les trois pompes fonctionnent en cascade, elles réagissent au débit demandé ; lorsque l’on est à plein débit, les 3 pompes fonctionnent à plein régime.
Dans le local, une armoire électrique devrait être posée cette semaine, avec un compteur d’eau général autonome sur batterie, qui permettra de s’assurer que le système fonctionne et de superviser l’apport en eau. Cette armoire sera équipée du système VISEO, qui permet de voir en temps réel le niveau des bassins sur son smart phone ou sur sa tablette, et de superviser la bascule de l’eau d’un bassin à l’autre. Il permettra également de savoir quelle quantité d’eau est passée dans le système, et cela par jour, par semaine, par mois et par saison. Ce système peut se greffer sur n’importe quelle installation.
Un nouveau système d’arrosage pour le golf
Nous nous dirigeons ensuite vers le parcours de 9 trous en construction, non loin des retenues d’eau et de la station de pompage. Sur 9 trous, 6 trous sont terminés, et les pelleteuses s’activent pour créer les 3 derniers trous.
Sur les 6 trous terminés, le réseau primaire est posé, ainsi que le réseau secondaire et les arroseurs. Sur les fairways, les arroseurs sont posés en triangle, en double ligne et fonctionnent avec des électrovannes. Ce sont des Rain Bird Eagle 751, réglables, à raison d’un arroseur tous les 27 mètres. Sur certains fairways plus étroits, de plus gros arroseurs, des Rain Bird Eagle 900 pleins cercles, ont été posés en simple ligne. On compte 15 à 20 arroseurs par fairway, et cela varie suivant qu’il s’agit d’un par 3, d’un par 4 ou d’un par 5. Et sur les greens, ce sont les mêmes arroseurs qui ont été posés, à raison de six par green, en triangle également. Il est en effet indispensable qu’il y ait une continuité entre les fairways et les greens.
Quelques clapets vannes ont également été posés sur les greens pour arroser à la main des petites zones qui sont sèches, ce qui permet des économies d’eau non négligeables. Tous les arroseurs peuvent fonctionner indépendammant les uns des autres.
L’ensemble du système d’arrosage sera piloté par un système de gestion centralisée IC de Rain Bird, intégrée dans les arroseurs. La gestion centralisée IC est la nouvelle version du système à décodeur de Rain Bird. Et M. Karm ajoute « actuellement, on jongle entre le vieux système à décodeur et le nouveau système IC. À la fin des travaux, tout le golf sera passé en IC ».
Par ailleurs, des sondes capacitives et une station météo ont été posées. Trois sondes d’humidité, et cela suffit pour l’ensemble du parcours, ont été posées sur les greens, à plusieurs profondeurs. Cela permet d’avoir une meilleure appréhension de la réserve en eau du sol et d’éviter le sur-arrosage de la zone superficielle.
Et l’ensemble est relié à une station météo autonome sur batterie et sur panneaux solaires. L’installation de sondes et d’une station météo reliée à la gestion centralisée IC permet de suivre la consommation d’eau au jour le jour et de mettre exactement la quantité d’eau qu’il faut, où il faut. M. Karm commente : « Ce choix, sondes + station météo + gestion centralisée, est prometteur tant au niveau du diagnostic qu’au niveau de la communication avec les arroseurs. On aura un retour de fiabilité de 100 % ». Et il ajoute : « La sonde et la station météo ont coûté moins de 10 000 €. Ce serait dommage de s’en passer sur un chantier à 90 000 € ».
Et M. Karm conclue : « Multiplier le nombre d’arroseurs et les disposer en triangle n’a rien de très nouveau, on le faisait déjà il y a quinze ans. En revanche, superviser l’eau avec un automate sur écran tactile, c’est nouveau ». Et il ajoute : « Mais avant d’installer des sondes et une station météo, l’expertise de l’arrosage est indispensable : il faut changer les arroseurs, remplacer les buses … ».
Ce haut niveau de technologie est en plein essor pour les golfs, qui sont de plus en plus demandeurs d’une gestion raisonnée de leur consommation d’eau.