FIMA 2020 : un salon dynamique sur fond de crise agricole en Espagne

L'efficacité, la durabilité et le numérique ont été les trois des éléments fondamentaux de la 41e édition du salon international Fima, qui s’est tenu du 25 au 28 Février à Saragosse, en Espagne.

L'efficacité, la durabilité et le numérique ont été les trois des éléments fondamentaux de la 41e édition du salon international Fima, qui s’est tenu du 25 au 28 Février à Saragosse, en Espagne.

La FIMA 2020 restera dans l'histoire pour être l'édition dans laquelle des records ont été battus, tant par le nombre d'exposants - plus de 1 650 -, par le nombre de mètres carrés -163 500 répartis dans onze pavillons – que par le nombre de visiteurs -237 446,  réunis autour du secteur du machinisme agricole. Pendant cinq jours, le site de la Foire de Saragosse est devenu un le rendez-vous incontournable des professionnels, désireux de s'informer sur les dernières technologies appliquées au marché agroalimentaire.

Les 1 652 marques qui ont participé à la 41e édition du salon international soutiennent l'événement et le classent dans l'élite des salons internationaux, notamment sur le marché du sud de l'Europe et dans tout le pourtour méditerranéen. De cette façon, FIMA 2020 ferme ses portes et le fait avec le plein soutien du marché, qui le positionne comme un leader en Europe. Le saut qualitatif qu'a connu l'événement, comme l'a souligné le président de la Foire de Saragosse, Manuel Teruel, a été le ton général d'un événement marqué par "le haut professionnalisme et le grand intérêt manifesté par les visiteurs". En ce sens, le directeur de l'institution a exprimé sa "satisfaction totale" pour le développement de la FIMA et pour avoir fait en sorte que Saragosse et l'Aragon "deviennent des références pour le marché agricole international".

L'un des aspects les plus marquants des exposants de cette édition a été, outre le professionnalisme des visiteurs, l'internationalité observée dans les pavillons. Enfin, environ 80 nationalités se sont réunies à FIMA 2020, ce qui montre le centre d'attraction que la FIMA génère parmi les professionnels.

Les irrigants étaient globalement satisfaits du salon. Nous avons pu voire des nouveautés intéressantes chez les fabricants dont pour en citer quelques unes : Le FieldNet Pivot Watch de Lindsay, un nouveau goutteur chez GestiRiego, le  nouveau goutteur  H 6000 de Rivulis, et le nouveau goutteur Aquapro de Chamsa.

 Cependant, les fabricants de pivots ont déploré une chute du marché espagnol du pivot :  compte tenu de la faiblesse des cours des céréales, les agriculteurs arrachent leur maïs et leur blé, et le remplacent par des cultures plus rémunératrices, comme les amandes et les pistaches, arrosées en goutte-à-goutte. Plusieurs dizaines de pivots ont été récemment  démontés.

Le salon a eu lieu sur fond de crise du secteur agricole en Espagne. Depuis plusieurs années, le pays rencontre de grosses difficultés pédo-climatiques. Les sols, déjà peu fertiles et sur-exploités, sont de plus en plus tassés. Par ailleurs, la sécheresse sévit depuis 60 ans et s’est aggravée ces dernières années, avec le réchauffement climatique. En 2019 l’Espagne a perdu 44% de sa production d’olive à cause de la sécheresse. Une modernisation s’impose : celle de l’arrosage des cultures. Les systèmes informatisés qui permettent d’apporter la juste quantité d’eau sont encore trop peu utilisés aujourd’hui. En Aragon, 350 000 hectares sont actuellement irrigués. Selon Manuel Teruel, « Le gouvernement envisage une augmentation de 10% de ces surfaces irriguées. L’irrigation est un outil fondamental pour améliorer la rentabilité et la dimension économique des exploitations ».

Enfin, comme dans toute l’Europe, les agriculteurs sont pénalisés par les bas prix et la concurrence. Les producteurs d’oranges de Valence se plaignent de la concurrence des agrumes sud-africains ; les agriculteurs andalous ont promis qu’aucun camion-citerne d’huile d’olive ne sortirait des entrepôts en mars pour protester contre la pression de la grande distribution sur les prix ; les producteurs de concombres et de tomates d’Almeria qui jettent leurs cagettes aux chèvres afin de protester contre la concurrence marocaine, ou encore ceux de raisins d’Alicante qui arrachent des centaines d’hectares  parce que le prix qui leur est offert (de 20 à 25 centimes d’euros le kilo)  ne couvre pas les coûts de production  (entre 40 et 45 centimes). Depuis début Janvier, d’une région à l’autre, les agriculteurs se mobilisent, réclamant des prix justes. Leur mouvement porte même un nom et a son hashtag #AgricultoresAlLimite (Agriculteurs à bout).

En vu d’apaiser leur colère, le gouvernement de gauche a entrepris une réforme de la loi de chaîne de valeur, inspiré de la Loi française Egalim, afin d’éviter les ventes à perte. Le ministre de l’agriculture espagnole a promis qu’avec cette loi « les éleveurs et les agriculteurs percevront un prix juste » et que « dans les contrats écrits, il ne soit pas possible de vendre en dessous des coûts de production ».