L’Irrigation de l’olivier améliore la production de fruits, en quantité et en qualité

 

À première vue, on pourrait se demander pourquoi irriguer des oliviers qui sont des végétaux typiquement méditerranéens, donc parfaitement adaptés à la sécheresse. D’autant plus que nous sommes à la limite septentrionale de sa zone d’acclimatation et que (en théorie) nos arbres vivent dans un climat largement assez arrosé pour eux.

Comme toutes les plantes supportant la sécheresse, les anciens les cantonnaient dans les endroits arides et pauvres où les autres plantes plus délicates n’auraient pas survécu. Si l’olivier produisait peu, on le mettait sur le compte de « l’alternance », que l’on croyait inévitable.

Aujourd’hui, nous nous sommes aperçus que l’olivier est un arbre fruitier comme les autres et que, si on lui donne à boire pendant les seules périodes où il a soif, sa production de fruits est nettement améliorée, en quantité et en qualité.

Le climat de la région de Nice qui fait le bonheur des touristes, est caractérisé par de longues périodes de beau temps, entrecoupées de périodes pluvieuses courtes et parfois violentes. Réchauffement de la planète ou pas, il faut bien se rendre compte que ces caractéristiques se sont amplifiées ces dernières années.

 

Les besoins en eau

Comme tous les végétaux, nos arbres sont confrontés à un cruel dilemme :

• ouvrir les stomates de leurs feuilles (les pores de leur peau) afin de capter le maximum de gaz carbonique et en extraire le carbone dont ils ont besoin...

• mais si on les ouvre trop, on laisse s’évaporer l’eau contenue dans les cellules.

Le jeu consistera donc à leur fournir assez d’eau pour leur permettre de respirer au maximum mais ne pas leur en donner trop pour éviter les problèmes sanitaires, de qualité de la production et de gaspillage.

En théorie, les besoins en eau de l’olivier sont fonction de la différence entre la quantité de pluie tombée et l’ETP (Évapo­Transpiration Potentielle), c’est à dire l’eau reçue du ciel et celle qui y retourne par évaporation et transpiration des végétaux.

Il faudra donc moduler les apports d’eau en fonction des quantités de pluie tombée, de la température de l’air, de l’ensoleillement, des caractéristiques de rétention du sol et des besoins de l’olivier à l’époque considérée.

Les besoins en eau de l’olivier sont surtout importants au printemps, en période préflorale et en septem­bre/octobre lors du gros­sis­sement du fruit.

Entre la nouaison et la scléri­fication du noyau (dur­cisse­ment), c’est à dire entre la mi-juillet et la mi-août, l’arbre devra être ra­tion­né pour éviter d’obtenir des olives à gros noyau.

La nature étant bien faite, on voit donc que nos oliviers ont besoin d’eau justement pendant les périodes de l’année les plus arrosées. Un bon usage de l’irrigation sera donc, et uniquement, de palier au déficit d’eau de pluie. Tout excès engendrera des problèmes sanitaires, tels que le terrible pourridé, la fumagine, l’œil de paon et, sans augmenter la production, donnera des olives obèses, sans goût, à gros noyau, qui se conservent mal et dont la maturité est sensiblement retardée.

En général, l’oléiculteur qui dispose d’un système d’irrigation dans son oliveraie, aura toujours tendance à exagérer les apports d’eau. Fort heureusement, il n’est plus nécessaire aujourd’hui de noter soigneusement les dates et hauteurs des dernières pluies et de faire des calculs compliqués pour définir les besoins de nos oliviers.

Les nouvelles technologies nous indiquent très précisément quelles sont les quantités d’eau disponibles dans le sol. Ce sont les sondes tensiométriques et les sondes « Watermark ». Un peu en contradiction avec ce qui est dit ci-dessus, c’est durant le mois de juillet et d’août que les apports seront les plus importants, pour maintenir, malgré le rationnement, un taux d’humidité optimum dans le sol.

C’est durant cette période que les sondes tensiométriques seront le plus utiles. Elles permettent de rationner l’arbre sans l’assoiffer et de ne pas gaspiller une eau souvent précieuse et rare en cette saison.

 

Les procédés d’irrigation

La plus ancienne méthode d’irrigation est à la fois celle qui demande le plus de travail, la moins efficace et celle qui gaspille le plus d’eau pour un résultat aléatoire. C’est bien entendu le système par rigoles et écoulement d’eau dans des sillons creusés autour des oliviers. À moins d’avoir la chance d’accéder gratuitement à une quantité d’eau illimitée et beaucoup de temps à perdre, nous n’en parlerons même pas. Une autre méthode, non conseillée mais néanmoins envisageable, est la méthode par asperseurs. Il y a toute sorte d’asperseurs : rotatifs et oscillants, tuyaux percés de trous, sprinklers.

Ce système a beaucoup d’inconvénients et très peu d’avantages :

• en arrosant le feuillage et en entretenant une atmosphère humide sous les arbres, il peut être la cause de nombreuses maladies comme la fumagine, l’œil de paon, le pourridé ainsi que la prolifération des insectes nuisibles comme les cochenilles et les mouches de l’olive ;

• il favorise la croissance de la couverture herbacée au détriment des racines de l’olivier ;

• il gaspille une bonne partie de l’eau par une évaporation excessive allant de 30 à 50 % ;

• il ne permet pas, à moins de multiplier le nombre d’arroseurs, de couvrir correctement le terrain ;

• d’autre part, on ne pourra pas éviter que le tronc et la souche des oliviers ne soient aspergés eux aussi, ce qui n’est pas recommandé ;

• les asperseurs sont très sensibles à la pression de l’eau. Pour avoir un débit régulier sur toutes les parties de l’oliveraie, particulièrement celles qui sont en côteaux, il faudra multiplier les régulateurs de pression ;

• la pression demandée pour faire fonctionner l’installation est très supérieure à celle dont se contente le goutte-à-goutte. Il faudra bien souvent investir dans une pompe ;

• enfin, il est impossible d’utiliser cette méthode pour apporter les engrais directement au niveau des racines de l’olivier.

Les avantages sont :

• une zone irriguée couvrant pratiquement toute la zone des racines de l’arbre et donc beaucoup moins localisée qu’avec le système en goutte-à-goutte. Ceci est particulièrement vrai pour les terrains légers et perméables ;

• le système est beaucoup moins sensible aux eaux mal filtrées que le goutte-à-goutte. Les colmatages sont plus rares ;

• l’installation est en général moins difficile à déplacer pour permettre le travail du sol.

Le procédé d’irrigation le mieux adapté aux vergers et qui est actuellement le plus efficace tout en étant le plus économe en eau est le système en goutte-à-goutte.

Chaque goutte qui sort du goutteur est immédiatement absorbée par le sol pour former, toujours au même endroit, un bulbe de terre humide que les radicelles de l’olivier auront tôt fait d’investir et de mettre à profit.

La forme de ce bulbe dépend de la nature du terrain. En terrain léger et perméable, il sera étroit et profond avec des pertes d’eau par infiltration. En terrain gras ou lourd, il sera large et moins profond avec risque de stagnation de l’eau, ce que les oliviers n’aiment guère.

Dans le premier cas, il faudra augmenter le nombre de goutteurs, dans le second, il faudra veiller à ne pas exagérer les apports d’eau. En tout état de cause, dans les deux cas, l’idéal est 4 goutteurs par olivier adulte.

La première chose dont on a besoin pour arroser ses oliviers est bien évidement de l’eau. L’idéal est une eau de source constante et gratuite qui se déverserait dans un réservoir de capacité proportionnelle au nombre d’oliviers à irriguer. Cette capacité devrait correspondre à un bon mois d’arrosage pour éviter les pénuries au plus mauvais moment. Sachant qu’un olivier demande 80 litres d’eau par jour lors d’une sécheresse à l’époque de ses plus grands besoins, il est facile de calculer la taille du réservoir. Toujours idéalement, ce bassin se trouvera à une dizaine de mètres de dénivelé au-dessus de l’olivier situé le plus haut.

Comme l’idéal est rarement de ce monde, on devra souvent prendre un abonnement à la compagnie des eaux ou à la commune et s’assurer que cette eau n’est pas traitée au chlore. Si la pression du réseau est insuffisante, il faudra utiliser une pompe, soit pour remplir un réservoir situé au plus haut de l’oliveraie, soit pour mettre en pression le réseau d’irrigation.

 

Le matériel d’irrigation

Les goutteurs. Les goutteurs seront de préférence de type à débit constant. C’est à dire que, quelle que soit la pression de l’eau entre 1 et 3 bars, le débit sera constant. Cela permettra de donner à chaque olivier la même quantité d’eau, quelle que soit la déclivité du terrain. Au-delà de 3 bars, c’est à dire 30 mètres de dénivellation, un régulateur de pression s’imposera.

Selon les types de goutteurs, le débit varie en général de 1 à 4 litres/heure. Certains goutteurs sont réglables dans cette échelle de débit mais coûtent plus cher et ne sont guère justifiés.

 

Les engrais liquides

L’irrigation par goutte-à-goutte offre la possibilité d’amener, directement au niveau des racines et sans efforts, un engrais équilibré et directement assimilable au moment opportun. Une pompe doseuse injecte dans le circuit d’eau une quantité prédéterminée de solution fertilisante.

Cette solution fertilisante peut être fabriquée par soi-même ou achetée toute faite dans votre coopérative habituelle.

Si vous désirez la faire vous-même, il faudra veiller à n’utiliser que des produits qui se dissolvent complètement dans l’eau, à température ambiante et qui ne cristallisent pas dans vos réservoirs ou pire dans votre circuit d’irrigation.

On utilise généralement de l’acide nitrique (N), du nitrate d’ammoniac (N), de l’acide phosphorique (P), du phosphate mono potassique (P K), du nitrate de potasse (N K), du nitrate de calcium (N).

Certains produits apportent aussi des oligo-éléments comme le sulfate de magnésium ou le nitrate de magnésium.

Pour le dosage, il suffit de respecter les mêmes règles que pour les engrais « soli­des ». Nous l’avons dit, les avantages sont un gain de temps et d’effort appréciable et une disponibilité des engrais plus rapide et directement au niveau des racines, puisque c’est dans le bulbe de terre humide qu’elles sont le plus présentes.

Le principal inconvénient de ce système est le coût. En effet, les prix sont nettement supérieurs aux engrais solides. Un autre inconvénient est que la totalité du terrain autour de l’olivier n’est pas fertilisé. Au bout de quelques années, les zones où il n’y a pas de goutteurs deviendront stériles alors que la terre des bulbes humides sera elle peut être trop « grasse » et déséquilibrée.

Toutefois, ce système est sans pareil pour donner à nos oliviers leur dose d’engrais azoté au printemps. En effet, certains engrais solides comme le nitrate d’ammoniaque se dissout sans problème dans l’eau et peut être apporté de cette manière sans coût supplémentaire. On évitera ainsi les pertes lorsque la pluie tarde trop à le faire entrer dans le sol ou au contraire lorsque trop de pluie l’entraîne directement dans la nappe phréatique.

 

L’irrigation des oliviers permet de :

• Se mettre à l’abri du risque de sécheresse compromettant une récolte qui s’annoncerait excellente.

• Lutter contre l’alternance, en permettant aux oliviers de produire à la fois des fruits et le bois qui portera les fruits de l’année suivante.

• Augmenter la production en quantité et en qualité. Particulièrement en permettant à l’arbre de produire un maximum de fleurs parfaites et d’assurer leur nouaison.

• Mettre à disposition de l’olivier, directement au niveau de ses racines, l’engrais qu’on aura mélangé à l’eau d’arrosage et ce, en le dosant de manière très précise.

• Accélérer la croissance des jeunes plants d’oliviers et obtenir une récolte en 5 ou 6 ans au lieu de 10 à 15 ans lorsqu’on les laisse se débrouiller seul.